L\'idée de l\'expérience ne remplace nullement l\'expérience.

Sénèque… le premier féministe ???

 

Sénèque… le premier féministe ???

 

 

Cette nuit j’ai relu Médée. Grâce à une insomnie engendrée par le souvenir de la mise en scène et de l’interprétation magistrale qu’en fit Isabelle Huppert devant un public à se point envouté que le silence qui en suivit fut aussi de la tragédie… Ce soir là, nous nous sommes noyés dans les larmes de l'antique cité d'Avignon…

 

Mon Epouse et moi aimions disserter de concert au sujet des interprétations multiples qu’engendre la lecture de cette tragédie.

 

Est-ce une mère cruellement infanticide ? Est-ce une femme en pleine dépression ? Est-ce une mère qui aime ses enfants au point de les voir mourir à la place de les céder à un père incompétent ?

 

ou enfin est-ce une femme qui, poussée par une telle envie d’indépendance et d’autonomie que pour se libérer de l’esclavage imposé par l’homme, qu'elle en vient à sacrifier ce qu’elle a de plus chère : son statut sacré de mère en tuant ses propres enfants.

 

Qui est Médée ? Nous tous…

Qui sont les enfants ?
Nos amours, nos références, notre statut rassurant…

Qui est le père ? Nos contraintes, l’autorité abusive, l’inégalité.

Quels sacrifices sommes nous prêts à faire pour atteindre notre liberté ?

Médée ne confond(t)-elle pas liberté, autonomie et Indépendance ?

 

Que de sujets dans cette tragédie épique écrite par une intelligence supérieure, tour à tous machiavélique et humaniste.

 

Sénèque fut l’exemple du génie à ce point en avance sur son temps qu’il engendra des réactions opposées à son enseignement dispensé à Caligula et Néron.

 

Ses « lettres » que tout latiniste se devait de traduire et auquel tout être cultivé se devrait « d’utiliser » comme références, sont des modèles d’éthiques.

 

Ô tempora ô mores ; Autre temps, autres mœurs…

 

En lisant Sénèque on se rend compte que si l’histoire bafouille, lui, reste immuable.

 

Médée, Héroïne intemporelle passant du passé au futur, du figuratif à l’abstrait, de l’humain à l’animal...

 

La puissance de cetteœuvre atteint son paroxysme lorsqu’on assemble la première phrase à la dernière :

 

« Medea fiam » je serai Médée et à la fin de la tragédie, après avoir assassiné ses enfants elle s’écrie : « Medea nunc sum » maintenant, je suis Médée.

 

Je suis Médée, je n’ai pu être reconnue comme telle dans ma société qu’après avoir commis l’horreur absolu : l’infanticide…

 

Alors, je me repose cette question : que devons-nous accomplir dans notre société pour exister vraiment ?

 

Lucius Annaeus Seneca, le visionnaire, féru de culture hyperboréenne, imagine du temps de l’Empire un vaste territoire au-delà des mythiques Asgard et de Tulé, les cités des Dieux du grands nord qui bientôt atteindront leur crépuscule.

 

Cet enfant d’Hispania nous laissa une transcendantale leçon de philosophie que je vous invite à partager, par la lecture de cette sublime Médée, lors de vos prochaines vacances

 

Michel Evrard-Thoelen



12/09/2011
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