L\'idée de l\'expérience ne remplace nullement l\'expérience.

Mutations et artifices

Mutations et artifices

Si, dès le départ, on n’assume, et donc ne respecte pas, notre différence, que ferons-nous de celle des autres ? On a certes le droit de s’effacer selon son humeur. On a le droit à l’anonymat momentané ; mais on n’a pas le droit de pratiquer journellement la médiocrité. Un aspect extérieur avenant, recherché et différencié, n’est pas représentatif de signes extérieurs de richesse, mais d’une richesse intérieure bien plus appréciable.

 

L’artifice n’est pas une question d’argent. La créativité et la débrouillardise pallient aisément ce problème. Ce n’est pas non plus faute d’imagination que l’on s’efface. Le respect d’un voisin démuni n’infirme pas l’évocation d’une soi-disante richesse ostentatoire.

 

C’est, selon ma logique, d’une part, un manque de respect envers soi-même etles autres et, d’autre part, une injure à la vie ainsi qu’à l’évolution qui nous a fait naître inachevés, avec tout ce que cela comporte comme obligations, mais surtout comme possibilités. Ne pas profiter - faute d’un pelage ou d’un plumage - de la nécessité de se vêtir contre le froid, de nier la chance que nous avons de nous distinguer par le fruit de notre attribut majeur : l’imagination [dont découle notre réflexion] ; tout cela revient à sous-employer les potentialités que notre état inachevé a généré. Certes l’oiseau de paradis est superbe, mais il ne pourra jamais changer de parure.

 

Il ne pourra, un jour de déprime, choisir de s’habiller de gris, ni -[dans un but louable d’effacement envers une communauté au profit de je ne sais quelle idéologie privant l’homme de sa différence] - se vêtir d’un « col mao bleu ». Il est voué, si joli soit-il, à porter l’uniforme toute sa vie.

 

Les serpents, les papillons et d’autres espèces muent, ou se transforment au cours de leur vie. Mais nous, qui naissons nus, avons le devoir de prendre en considération tout ce que la vie nous offre. Il est si facile de se confondre avec la masse au lieu de s’épanouir. L’obligation du choix, cadeau ambigu de notre condition d’hominidé, est le fruit de notre capacité cérébrale.

 

Carole Dekeijser



11/09/2011
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